Un deuxième transformateur de canneberges se diversifie dans le bleuet
La Presse
Auteur: André Dubuc
Le Québec compte un nouvel acteur dans le conditionnement des bleuets : l’entreprise Congélation Grand Bleu, issue du partenariat entre la coopérative de producteurs Grand Bleu et le transformateur Emblème Canneberge.
La nouvelle entité aura pour tâche de congeler et d’emballer les petites merveilles à destination des marchés d’exportation. Il s’agit du deuxième transformateur de canneberges à se diversifier dans le bleuet sauvage, après Fruit d’Or de Villeroy, dans le Centre-du-Québec, devenu actionnaire majoritaire de Bleuets Mistassini, de Dolbeau-Mistassini, en 2018.
L’investissement de 28 millions permet d’agrandir l’usine d’Emblème Canneberge, située à Sainte-Eulalie, dans le Centre-du-Québec. Construite en 2016, l’usine hautement automatisée passe de 120 000 à 215 000 pieds carrés. Vingt postes seront créés. Les travaux ont commencé en avril et devraient être terminés à la mi-juillet, juste à temps pour la récolte de bleuets sauvages qui débutera en août.
« Il y a énormément de synergies possibles entre la canneberge congelée et le bleuet congelé, que l’on parle des équipements, de la logistique ou du réseau de vente, qui vont servir de tremplin pour le bleuet congelé », explique au téléphone Vincent Godin, président d’Emblème Canneberge.
Outre l’agrandissement de l’usine, l’investissement consiste en l’achat et l’installation de congélateurs — les bleuets sont congelés à -28 °C alors que les canneberges le sont à -18 °C —, du tunnel de conditionnement de bleuets et des équipements de tri, de calibrage et d’emballage.
« Les installations d’une capacité de traitement de 16 millions de livres sont chez Emblème Canneberge, poursuit M. Godin. Avec la création de la coentreprise Congélation Grand Bleu, Emblème se diversifie dans le bleuet sauvage, tandis que Coop s’intègre verticalement et va avoir accès à une partie des profits de la transformation qui sera faite par Emblème Canneberge par un contrat de sous-traitance. »
Fondée en 2018, la Coopérative Grand Bleu regroupe 90 producteurs de bleuets sauvages, principalement du Saguenay–Lac-Saint-Jean, produisant de 6 à 8 millions de livres par an.
Mais pourquoi ne pas avoir transformé les bleuets au Lac-Saint-Jean ? « On a essayé de faire l’usine au Saguenay–Lac-Saint-Jean pendant deux ans, mais la mise de fonds était trop importante, répond Daniel Leblond, président de la coopérative de producteurs. On s’est donc mis à la recherche d’un partenaire stratégique. La rencontre avec Emblème s’est faite en octobre dernier. Les valeurs étaient les mêmes. » Lui-même producteur, M. Leblond invite les 260 producteurs indépendants de bleuets sauvages sans lien de propriété avec des transformateurs existants à se joindre à la coopérative.
Sauvage que de nom
Plus petit que le bleuet en corymbe, le bleuet sauvage est le nom de la variété, mais n’est pas nécessairement ramassé en forêt. En fait, seulement 1,5 million de livres proviennent des forêts sur une production totale d’environ 90 millions de livres de bleuets sauvages au Québec. Chez nos voisins, les Maritimes en produisent 150 millions et le Maine, environ 30 millions. Au Québec, la culture se concentre au Saguenay–Lac-Saint-Jean et sur la Côte-Nord.
Le bleuet sauvage s’est vendu 0,80 $ la livre à la fin de 2020. En 2017, 2018 et une partie de 2019, le prix avait chuté à 0,20 $ la livre alors que le coût de production est de 0,30 $ la livre.
La récolte des bleuets sauvages se déroule sur trois à quatre semaines de la mi-août au début de septembre.
L’industrie de la transformation de bleuets est dominée par Bleuets sauvages du Québec, de la famille Senneville, Bleuets Mistassini, appartenant à environ 70 % à Fruit d’Or, et Congèlerie Héritier, à Normandin. Congélation Grand Bleu va se glisser au troisième rang de la hiérarchie en termes de capacité de production. Dans les Maritimes, on trouve Oxford Frozen Foods et Jasper Wyman’s, originaire du Maine.